Perpignan évite le pire
La liste de gauche menée par Jacques Cresta s'étant retirée, et les autres listes éliminées, le deuxième tour s'est résumé à un face à face entre la liste de droite (du très à droite Jean Marc Pujol) et celle de Louis Aliot (FN ripoliné en bleu marine). La victoire de Jean Marc Pujol est nette : dépassé de 1332 voix par Louis Aliot au premier tour, il l'emporte finalement avec plus de 4000 voix d'avance. Malgré l'absence de la gauche, la participation a augmenté d'un tour à l'autre : 3967 électeurs et 5,77 % de plus. L'abstention recule, et cela signifie aussi que les électeurs de gauche ont participé au scrutin. Tous n'ont pas voulu choisir. Enre les deux tours les bulletins nuls passent de 1337 à 3651 (8,46 %), en augmentation de 5 %. La mobilisation électorale se traduit par un progrès des deux listes restées en présence. Mais les deux candidats n'en bénéficient pas de la même façon. Louis Aliot gagne 4795 voix et passe de 34,19 % à 44,89 % des exprimés. Jean Marc Pujol fait bien mieux: avec 21786 suffrages , il en gagne10169 et double pratiquement le nombre de ses voix du premier tour. Il passe de 30,6 % à 55,11 %. C'est dire que la mobilisation en faveur du candidat Pujol ne peut pas s'expliquer par la seule exploitation des ressources cachées de la droite. Le résultat de la liste Pujol au premier tour était franchement mauvais, en baisse de près de 9 % par rapport à 2008, et c'est le FN qui a ramassé les morceaux. On ne peut pas dire qu'il y ait un engouement particulier envers une équipe municipale usée et rejetée, qui abandonne la cité à son marasme économique et social. Le 23 mars, Les électeurs de gauche, à Perpignan comme partout en France, ont sanctionné le PS pour une politique gouvernementale désespérément sourde aux aspirations de la population et cyniquement favorable à toutes les exigences du MEDEF. Le 30 mars, les mêmes électeurs de gauche se sont remobilisés, avec d'autres, pour s'opposer au FN. Le message envoyé par les perpignanais est plus complexe qu'il n'y paraît. En l'espace d'une semaine, ils ont tout à la fois sanctionné le gouvernement et élevé un barrage face à l'extrême droite. Perpignan ne s'est pas jetée dans les bras des lepenistes. Il s'est au contraire trouvé une large majorité pour refuser la mainmise du FN. De son côté, Jean Marc Pujol n'a pas davantage obtenu un blanc seing et l'avenir le montrera très vite.