Malgré les caprices de la météo, le 10e festival de piano à Collioure organisé par Les Amis d'Alain Marinaro aura, du 26 au 29 juin, marqué la ville de son empreinte, avec sardanes, concours et concerts en divers lieux.
Le concours international c'est, chaque jour, trois pianistes de haut niveau, âgés de moins de 25 ans, qui se produisent devant un jury présidé par Daniel Tosi. Chacun compose son programme auquel il doit ajouter l'œuvre contemporaine imposée. Il s'agissait cette année d’Étude pour les octaves de Bruno Mantovani, compositeur, victoire de la musique 2009, directeur du CNSMD de Paris. Bruno Mantovani est un enfant du pays, formé au Conservatoire de Perpignan, il était, naturellement, membre du jury en compagnie de Varduhi Yéritsyan, pianiste et enseignante au CNSMD et Michel Béroff, pianiste-concertiste international qui donnait le récital de clôture. Assister au concours, c'est voir les différentes personnalités de ces jeunes, certains d'une extrême rigueur, d'autres dotés de plus de fantaisie, comment ils s'attellent à l'épreuve. Tous ont un talent incroyable et ont franchi nombre d'obstacles, ils sont là à un moment clé de leur parcours, pour certains à l'orée d'une belle carrière. C'est donc particulièrement émouvant d'être les témoins de ce passage. L’œuvre contemporaine leur donne généralement du fil à retordre. Celle de Mantovani ne faisait pas exception, une incessante alternance de bruyants éclairs et d'abyssales profondeurs, de graves et d'aiguës, quelques accents jazzy ; belle construction, cette Étude percute.
Preuve de l'intérêt du concours, le chemin fait par Adélaïde Panaget qui en fut la première lauréate. Elle a créé avec Naïri Dadal, Jatekok, un duo pianistique désormais installé dans le paysage musical qui se produisait lundi soir square Caloni. Leurs pianos se faisant face, ces jeunes femmes belles, talentueuses et pleines d'allant savent faire de leur prestation une fête. Elles se baladent entre les subtilités de la musique française du début du siècle (pas toujours adaptée au plein air) et les rythmes du jazz américain jusqu'à West Side Story, dans une joyeuse complicité. Elles s'amusent bien et le public est ravi.
Quant à Michel Béroff, en gala de clôture à l'église pour cause de pluie, il était remarquablement inspiré pour les pièces d'Olivier Messiaen.
NG