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 Serge Bonnery et Alain Freixe proposent une évocation du poète et écrivain Joë Bousquet.

 

Serge Bonnery et Alain Freixe se sont rencontrés autour de Joë Bousquet, écrivain et poète qui vécut à Carcassonne, ville où se cultive toujours sa mémoire dans sa demeure de la rue de Verdun devenue en 1999 le siège du Centre Joë Bousquet en son temps.

La rencontre des deux hommes, eux aussi poètes, a suscité un livre : Les blessures de Joë Bousquet 1918-1939. Un titre aussi singulier que l’ouvrage lui-même, ni biographie, ni analyse littéraire, plutôt une évocation, la mise en lumière d’une personnalité exceptionnelle. Les deux dates du titre sont celles de deux moments à la fois tragiques et fondateurs de la vie de Joë Bousquet. Le 27 mai 1918, sur le front de l’Aisne, une balle transperce la poitrine et la moelle épinière du lieutenant Bousquet, pour ce jeune homme de 21 ans, ce sera la paralysie définitive des membres inférieurs. Le 3 septembre 1939 une terrible alerte fait craindre le pire, on découvrira que c’est la moelle épinière, encore elle, qui a saigné, faisant dire à Joë Bousquet « J’ai failli être la première victime de la guerre ! »

 

Vivre dans l’écriture

Pour les deux auteurs, la deuxième blessure est comme un écho de la première, et si le sujet les intéresse, c’est parce qu’il est en lien avec la naissance du poète. Pour Joë Bousquet, l’immobilité forcée, entre révolte, acceptation et réappropriation de sa vie, a signifié l’entrée en écriture. Tour à tour, Serge Bonnery et Alain Freixe interrogent la symbolique de la blessure, « scène absolue » dira l’un. La blessure indissociable de la guerre, de ce premier conflit mondial qui a définitivement marqué une génération. Puis, les auteurs s’effacent, laissant la parole à des amis, des témoins, et à Joë Bousquet lui-même à travers des écrits et des lettres. Le lecteur s’avance alors comme dans un jeu de piste qui, peu à peu, révèle l’homme, la vie, l’œuvre.

Un jeune homme rebelle devenu un soldat, engagé volontaire, un brave. Ses camarades témoignent. Puis l’écrivain, qui, tel Proust, recevait dans sa chambre . Ses amitiés fidèles et prestigieuses. Il a côtoyé des Paulhan, Eluard, Simone Weil, Jean Cassou...et tant d’autres. On lira des échantillons de son abondante correspondance et de quelques-uns de ses textes. On est frappé par la profondeur de son écriture, sa puissance expressive, notamment dans l’observation de soi, sans une once de complaisance. Une écriture qui traduit une force de caractère peu commune, ainsi sa description, proprement hallucinante, du moment où il est blessé en mai 18.

Chacun avec son approche, sa sensibilité, Serge Bonnery et Alain Freixe donnent là une belle invitation à aller plus loin dans la découverte d’un écrivain insuffisamment connu.

NG

 

Les blessures de Joë Bousquet 1918-1939, S. Bonnery, A. Freixe édition Trabucaire 15€

 

 

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