Plasticiens au fort

Claude Massé et Joseph Maureso ont conjugué leurs talents pour investir le Fort Lagarde à Prats de Mollo

Vigie surplombant la commune de Prats-de-Mollo, le fort Lagarde est un impressionnant bâtiment, souvenir de Vauban. Remarquablement réhabilité, il est un lieu de visite prisé. Pour l'atteindre, une petite grimpette s'impose, on peut aussi prendre sa voiture, là haut, le point de vue est à couper le souffle. Le lieu est doté d' une forte tonalité historique, d'ailleurs les visites se font en costume d'époque, il y a même quelques tirs de canons. Cet été, le fort est aussi le théâtre d'une étonnante exposition de deux artistes du cru, bien connus, Claude Massé et Joseph Maureso. Les expositions collectives sont légion, ce qui est à voir là, relève d'une autre démarche. Deux plasticiens de générations différentes, d'inspirations différentes, aux antipodes, même, ont décidé de présenter leurs œuvres accolées. Répondant à la sollicitation de Marie-Claude Valaison, Conservatrice honoraire des Musées de France, ils ont relevé le défi d'installer leurs Intrications dans sept salles du fort. Cuisine, chapelle, salle des gardes.., des pièces sombres, la pierre à nu, pas évidentes pour un accrochage. Pourtant le miracle a lieu, les œuvres sont ici comme chez elles, dans chaque salle, une toile très grand format de Maureso sur le devant de laquelle est placée, tel un greffon, une sculpture de Massé. La toile, immensité dans les tons marron et bleu, enchevêtrement de branchages et de cabanes s'élançant vers le haut, dégageant toujours une ouverture couleur azur. La sculpture, plus minimaliste, ces faces de patotes chères à l'artiste, fichées dans une écorce de liège, drôles de personnages, en liège, également, aux yeux comme des billes, faisant quelque minauderie ou rictus derrière des mains en éventail, surmontant un corps filiforme. Certaines sont de singuliers et irrévérencieux crucifix L'ensemble est à découvrir au fil d'un parcours, chaque halte offrant une infinité de propositions : l'intrication en elle-même, c'est à dire les deux œuvres ensemble, l'intrication dans son contexte à savoir telle ou telle pièce du fort, et chaque œuvre du duo. Sans oublier les perspectives qui dévoilent de nouvelles visions, donnent du mouvement à des installations pourtant statiques. Un parcours passionnant qui laisse toute sa place au mystère. L'exposition est un bel exemple d'un dialogue entre artistes, d'une mise en commun créatrice, de la rencontre de deux sensibilités. Gageons que l'expérience, sans doute pas naturelle pour les deux protagonistes, aura un impact sur leurs travaux à venir.

NG

A voir jusqu'au 30 octobre. Jusqu'au 20 septembre tous les jours 11h-13h et 14h-18h. A partir du 21 septembre du mardi au dimanche 14h-17h.