Un monde invérifiable

Bel ensemble d'oeuvres de la collection du Frac Languedoc-Roussillon au couvent des Minimes

Parvenir jusqu'à cette exposition relève de l'exploit. Le livret comme le carton d'invitation annoncent l'ouverture quotidienne, or, c'est fermé le lundi. Touristes et non initiés riquent fort d'avoir quelques difficultés à trouver le couvent, nulle signalétique en ville. Et quand, enfin, on arrive au bâtiment, ni banderole, ni affiche qui annonce un évènement pourtant d'envergure! Du pur sabotage! On s'interroge sincèrement sur la logique de la municipalité de Perpignan qui réalise un tel investissement sans rien faire pour le promouvoir.

Donc, nous l'attestons, "Un monde invérifiable", exposition au titre prémonitoire existe, et mérite une, voire, plusieurs visites. D'abord, on la dirait faite spécialement pour ce lieu, immensité blafarde, un peu délabrée, mais avec de beaux restes, que cet ensemble d'objets, vidéos, installations, sculptures...habite avec bonheur. Superbe mise en espace, donc, pour des créations que l'on doit à une bonne vingtaine d'artistes de tous horizons et nationalités, beaucoup de jeunes, faisant partie du Fonds régional d'art contemporain. Admiration, émotion, perplexité, sourire, saisissement...déambulant au fil des salles, le visiteur passe par toutes sortes d'états mentaux, peut longuement s'attarder devant des vidéos troublantes, semées de traits d'humour, goûte les multiples découvertes. L'idée générale, que le titre suggère, est que notre monde ne se laisse pas aisément saisir, et que le déferlement médiatique n'aide pas. Information, désinformation, surinformation...autant d'écrans au réel. C'est ce thème qui interroge les plasticiens, lesquels tentent avec leur art une approche de la réalité. Ce sont les marionnettes d'un ventriloque, métaphore de la manipulation, de la recherche d'identité. Ou une femme qui marche sans fin au fond d'une piscine, images d'une grâce inouïe, ou comment, malgré tout, avancer. C'est ce sablier immobile, rempli de vestiges, ou ces ombres chinoises en perpétuelle mobilité ou cette représentation d'un 11 septembre à rebours devant un drôle de jeu d'échecs...Un passionnant voyage au coeur de la création contemporaine suscitant forcément une réflexion critique tant sur l'art que sur notre époque incertaine.

NG