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Rétrospective Peter Klasen (1961-2011) au couvent des Minimes à Perpignan, "La ville comme objet du désir"

 

039471-exposition-peter-klasenC'est une exposition considérable (200 oeuvres), qui occupe une grande partie du batiment et permet de découvrir, sur 50 ans, l'itinéraire singulier d'un créateur exposé et salué dans le monde entier. Evènement d'envergure pour notre ville, dont nous ne pourrions que nous réjouir si la municipalité l'avait accompagné d'une campagne de communication à la hauteur, car, franchement, seuls les initiés savent que cette exposition existe et l'on cherche en vain sa trace dans la cité. On aurait, au moins, pu suspendre quelques oriflammes le long des boulevards... A-t-on mis en place des visites d'élèves? d'étudiants? A-t-on fait participer des associations?.. Mystère, et dommage si cela n'a pas été fait, bien que rien ne soit perdu, l'exposition est prolongée jusqu'à fin février. Tant mieux, elle vaut le détour, mais il faut du temps et être bien couvert (une pensée pour les employés qui la gardent). 

Né à Lübeck en 1935, Peter Klasen a connu, enfant, la violence de la guerre, les bombardements, la disparition du père, cela l'a profondément marqué, a eu sur son travail artistique une influence déterminante. L'exposition permet de suivre les évolutions d'un créateur bien dans son temps, nourri de Kafka et de Dostoïevski, du cinéma de la nouvelle vague française, des films noirs américains. Des immenses panneaux reproduisant le mur de Berlin, ses dessins, ses tags, inscriptions, graffitis, comme le vrai, jusqu'à ces "tableaux-rencontres"qui mêlent allègrement images morcelées du corps féminin, objets, ustensiles et peintures de sites urbains, en passant par des installations, atelier d'usine électrique, fauteuil du dentiste avec instruments chirurgicaux, ou par des sculptures comme des livres de gisants posés sur tranche et ornés d'inscriptions. Au fil des salles et des oeuvres on devine les obsessions et hantises de l'artiste: les risques industrielKlasens, l'inhumanité des villes, l'enfermement. Voir à ce propos l'inquiétant autoportrait intitulé "Internement du Dr K", peinture en noir et blanc où il figure enchaîné. Les toiles plus récentes s'attachent à représenter le délitement, ferrailles rouillées, décharges, démolitions. Une obsession du réel, sous tous ses aspects, avec ces acryliques hallucinants de vérité, il faut y regarder à deux fois pour distinguer ce qui est photo, ce qui ne l'est pas, de ces camions bâchés, portes d'entrepôts...Obsession qui va jusqu'à flanquer les peintures d'objets usuels, générateurs, cadrans, panneaux de signalisation. Dans cet univers, les humains sont soit en morceaux, soit entravés, c'est passablement angoissant, voire trash, parfaitement adapté au cadre délabré des Minimes. Assurément un artiste qui a quelque chose à dire, que notre époque et ses avatars interrogent et fascinent, dont il propose une vision implacable et glaciale.

 

 

 

NG

 

 

Tag(s) : #culture
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